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 Jazz-rhapsodie pour musique et philo

Penser ce qui devient, déchiffrer les signes, pour résister à la médiocrité nihiliste et produire une jubilation!...

Sur le droit à l'avortement

Publié le 25 Juillet 2012 par Bernard Petit dans Ethique et politique

 

 

 

Sur le droit à l'avortement

 

 

    La question de savoir si l'embryon est vivant ou non est depuis longtemps réglée par les sciences biomédicales: il est vivant. Mais c'est précisément pourquoi l'avortement volontaire (interruption programmée, par la femme enceinte, de sa propre grossesse) doit  être un droit moralement reconnu et légalement organisé.   

   Personne ne demande si l'on a le droit de jeter une vieille chaise si l'on n'en veut plus; mais on se demande si le propriétaire d'un chien a le droit de l'abandonner ou de l'abattre s'il devient trop gênant: la chaise est inerte, le chien est vivant…

l'embryon humain l'est aussi,évidemment. Ce qui ne veut pas dire qu'il a une personnalité ou une âme au sens psychologique et moral : est-il un individu vivant et pensant ?

   Là encore, la biologie répond depuis longtemps: il n'est pas viable comme organisme autonome: il ne survit que par son milieu utérin. Du point de vue psychologique et moral, il n'est jusqu'à sa naissance qu'une partie de la personnalité de la femme enceinte: c'est elle qui en est responsable, qui doit décider pour lui, ce qui ne veut pas dire seule, et sans en discuter avec son entourage. Mais cela veut dire que, si elle n'est pas manifestement irresponsable, c'est à elle que doit appartenir la décision ultime de mener ou non sa grossesse à son terme. Il n'y a ici qu'une seule conscience de soi, un seul organisme générateur, un seul vivant qui risque sa vie, sa santé et sa destinée, celle de la future mère. On peut même ajouter que dans les cas où elle est mentalement irresponsable, la question doit se poser à l'entourage de savoir si elle est capable de devenir mère ou pas, si les conditions suffisantes de l'éducation d'un enfant seront réunies, etc. Il est évident que le père reconnu, les familles et leur entourage social et médical ont leur mot à dire, à titre de conseil ou d'autorité responsable partielle. La décision ne peut être naturelle et automatique : elle ne peut être que réfléchie et conventionnelle, socialement discutée. Mais ce n’est pas parce qu’elle est conventionnelle qu’elle ne doit pas être la plus rationnelle possible, au contraire : la rationalité humaine a bien peu de prise sur les instincts les plus anciens de la vie.

  Dans ces conditions, on ne peut guère être d'accord pour dire que les partisans et les adversaires de l'avortement sont à égalité, et qu'il suffit de prouver que l'embryon ou le fœtus est vivant pour devoir refuser ou condamner l'avortement. En réalité, personne n'est sérieusement pour le fait d'avorter: tout le monde préfèrerait éviter cet acte traumatisant (plus ou moins) et non banal (mais qui est content d'abandonner ou de faire piquer son chien parce qu'il a la rage?...). La question cruciale n'est pas d'être pour ou contre l'avortement, mais pour ou contre le droit à l'avortement: la pleine possibilité sociale, morale et matérielle, pour une femme enceinte, d'opérer avec assistance médicale une interruption volontaire de sa grossesse, si elle juge la grossesse ou la naissance trop dangereuses pour sa santé et celle de l'enfant, ou encore sa situation trop précaire (psychologique, sociale, matérielle).

    Il ne s'agit pas d'un droit de supprimer une vie sans conditions ou par simple caprice, mais d'assumer les responsabilités des personnes existantes les plus concernées. L’embryon,ou le fœtus, n'en fait pas partie, sauf à titre de fantasme: tout le monde veut parler à sa place (et comment faire autrement ?...), mais il s'agit de savoir qui a le droit de décider à la place d'un être...qui n'a aucune place avant sa naissance!...Qui doit avoir ce droit sinon la future mère à l'esprit éclairé avec l'aide de l'entourage le mieux avisé sur sa situation? Je crois que c'est ce que le droit à l'avortement entend régler, si possible indépendamment de tous préjugés moraux, psychologiques et superstitieux, dans l'intérêt de la mère virtuelle, de l'enfant virtuel et de leur entourage virtuel. L’avortement peut donc difficilement être conçu comme un bien, mais plutôt comme un moindre mal dans certaines situations.

    Pas question,donc, de banaliser son usage, ou de l'encourager comme équivalent d' un procédé de contraception préventif. Et peut-être faut-il aussi accepter le risque que quelquefois il puisse vouloir être utilisé en ce sens: mais n'est-ce pas largement préférable aux avortements clandestins et privés de compétences et d'assurances médicales ?... Par ailleurs, les adversaires de ce droit révèlent généralement , par la pauvreté de leurs arguments et la rage de leur fanatisme, l'origine idéologique et passionnelle de leurs positions: préjugés intégristes, haine de la science et de la médecine laïques, archaïsmes religieux se mélangent aveuglément dans leurs manifestations et leurs déclarations publiques.--- Comme si supprimer un embryon de six semaines pouvait être tenu pour équivalent au meurtre prémédité d'un bel enfant de trois ans ,qui marche,parle et joue, déjà bien engagé sur le chemin de l'autonomie individuelle!...

  Reconnaissons donc que si l'on ménage parfois cette position, ce n'est pas parce qu'elle est intellectuellement solide, ni moralement supérieure, mais parce qu'elle est affectivement et idéologiquement sensible: il serait évidemment inutile (et aussi inhumain) de braquer les âmes a priori choquées par ce droit (mais on pourrait remarquer que ces mêmes âmes si sensibles sont souvent favorables à la peine de mort, en France ou ailleurs...), puisque le but n'est pas de leur imposer ce droit mais de les convaincre de sa légitimité morale et de sa rationalité sociale (rappelons pour mémoire que l'avortement est depuis toujours pratiqué assez librement par les classes privilégiées de toutes les sociétés, démocratiques, aristocratiques ou monarchiques).

   Pour conclure, le droit démocratique à l'avortement ne signifie pas le mépris de la maternité, l'irresponsabilité des adultes à l'égard du futur humain, un prétexte à la licence sexuelle ou la capitulation de la conscience morale devant ce que la vie aurait de plus sacré; et il est probable que l'on n'ira jamais avorter la joie au cœur et la fierté dans l'âme....Mais ce droit exprime la volonté éclairée d'assumer la naissance et l'éducation avec un minimum de conditions favorables et un maximum de responsabilité raisonnable, de la part des futurs parents et des sociétés où s' inscrivent les divers types de projets parentaux. A ce titre, on peut le tenir comme une des conquêtes majeures de la conscience et de la civilisation démocratiques modernes.  

 

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Sur la beauté de la nature

Publié le 25 Juillet 2012 par Bernard Petit dans Vivre et philosopher

            

 

           

Sur la beauté de la nature : « la beauté gît-elle dans la nature ? »

 

 

 

 

    Le verbe "gésir" est ici malheureux, mais peut-être assez révélateur: la beauté serait-elle une qualité morbide? A moins qu'on ne désire secrètement qu'elle le soit: la violence, le tumulte, l'agitation ne sont jamais trouvé beaux en tant que tels, mais seulement par des représentations épiques ou tragiques que la forme artistique anoblit...

    Il y a peut-être dans le goût de la beauté cette ambiguïté permanente: elle doit être assez "naturelle" pour être vivante, mais assez abstraite de la nature (« idéale ») pour ne pas être entraînée dans son devenir indifférent au beau et au laid. Car la nature n'est en elle même ni belle ni laide: c'est notre regard humain sur les phénomènes naturels qui en fait des représentations belles ou abominables. La différence entre une "belle" éruption volcanique et une catastrophe volcanique comme celle de la Montagne Pelée de Martinique en 1902, c'est le regard humain sur la situation: dans l'urgence vitale immédiate, il n'est plus possible de contempler la nature, on ne peut que l'affronter car on est alors complètement pris dans ses rapports de forces qui nous menacent de destruction (ou alors, on est suicidaire).    

   Quand la conscience est condamnée à l'efficacité pratique immédiate pour éviter la mort, elle est au mieux éthique, elle n'est plus esthétique: la nature n'est ni belle ni laide, elle est mauvaise ou bonne, impitoyable ou salvatrice... Mais elle est la Vie jusque dans la destruction et la mort qu'elle entraîne, et nous n'aimons pas calomnier la Vie: nous la condamnons quand nous sommes malheureux à l'extrême, et c'est toujours avec mauvaise conscience, comme si l'on reconnaissait ainsi non pas la laideur de la nature et la méchanceté de la vie, mais au fond notre propre faiblesse face aux événements. C’est pourquoi,aussi nombreuses soient-elles , les exceptions, me semble-t-il, confirment encore cette règle. Peut-être gardons-nous subconsciemment le sentiment que la nature est innocente, même quand elle est malfaisante envers certains…

   Cela expliquerait mieux les interprétations superstitieuses des catastrophes naturelles: la conscience morale y cherche spontanément un responsable ou un coupable (dieux ou hommes ou autres...), comme s'il était inconcevable que la nature soit si destructrice ...sans le vouloir expressément!..."Il faut bien qu'il y ait un responsable/coupable pour qu'une telle abomination se produise, sans quoi nous ne pourrions plus nous représenter la nature comme innocente!..." Quelle perte symbolique cela serait! La vraie foi, la confiance en la vie, la croyance à la continuité du monde, supposent cette conviction de ce que Nietzsche appelle "l'innocence du devenir". Ici gît peut-être, en ce sens, la beauté de la nature.

 

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Du droit de donner la mort dans certains cas.

Publié le 25 Juillet 2012 par Bernard Petit dans Ethique et politique

 

                                     Du droit de donner la mort dans certains cas.

   Par quelle mystérieuse perversité devrait-on associer ces deux questions: la peine de mort et l'euthanasie?... Certains y ont ajouté le suicide...pourquoi pas, en effet? Il me semble qu'il n'y a pas d'autres points communs que celle "du droit de donner la mort". Mais quel est le rapport précis entre la peine capitale, l'euthanasie, le suicide, les actes définitifs de légitime défense, la guerre, etc. ?...personnellement , je n'en vois pas beaucoup.
1) Si l'on répond que nul n'a le droit d'ôter la vie, je sympathise, mais j'observe que les vivants font ça constamment, qu'ils soient animaux, végétaux ou humains: la Vie force les vivants à supprimer d'autres vies, probablement depuis que la Vie existe... Et certes cela n'en fait jamais une source de droit, sauf par la force des préjugés. Mais il est aussi faux de croire que les vivants s'entretuent sans raison, n'importe comment et pour s'amuser. De même qu'il y a des règles de vie (instinctives ou culturelles), il y a des règles de mort, car la mort n'est pas une réalité étrangère à la vie . C'est pourquoi répondre "oui ou non" de manière globale et monolithique ne me parait pas vraiment sensé: c'est une opinion d'émotion peu utile dans une discussion raisonnable.

2) Il serait donc utile de dissocier les deux questions, comme d'ailleurs les "votes" exprimés dans cette page semblent l'indiquer: certains sont contre les deux, d'autres pour les deux , d'autres pour l'un contre l'autre...sans que le plus souvent il n' y ait de lien logique déterminé entre les deux questions: on reste dans le sondage d'opinion le plus sommaire... L'acte de donner volontairement la mort peut avoir des significations et des valeurs bien différentes, qui me semblent irréductibles les une aux autres: cela peut être un geste d'autodéfense ou de défense d'autrui, de vengeance passionnelle ou de vengeance rituelle; un abrègement de la souffrance, un geste de désespoir, un geste de démence passagère, un acte de stratégie militaire ou politique, un acte crapuleux, un sacrifice religieux... comment croire que les mêmes règles de droit (légal et moral) pourraient s'appliquer dans des cas si différents?...
     On pourrait déjà essayer de proposer deux ou trois principes de "méthode" de réflexion:
1°) De telles règles ne peuvent être décidées par des individus isolés, quels que soient leurs position sociale ou leur type de culture, leurs sentiments personnels ou leurs croyances superstitieuses;
2°) Il ne peut exister de droit sans limites ou conditions bien définies par des textes et des coutumes;
3°) A l'impossible, nul n'est tenu: il faut que les règles de droit soient raisonnablement applicables, même si c'est très difficilement.
     Par exemple, on peut envisager que la peine de mort soit abolie en règle générale, comme c'est le cas dans de plus en plus de sociétés actuelles; cela n'exclurait pas des mesures d'exceptions dans un avenir plus ou moins lointain, comme c'est le cas en période de guerre, sans que le principe de l'abolition soit remis en question: l'argument des nombreuses erreurs judiciaires me semble au moins irrécusable; l'argument de l'inutilité de cette peine pour la dissuasion me sembla aussi très fort; je ne vois pas comment être raisonnable et "antiabolitionniste" aujourd'hui.
   J'y ajouterai celui -ci: ce n'est pas du tout par compassion humaine pour les criminels avérés (ils se moquent probablement de cette compassion...), car il n'est du tout prouvé que la réclusion perpétuelle soit une peine moins dure que la mort programmée. Reste la question des conditions pénitentiaires, qui me parait d'une autre nature, et je n'ai pas grand chose à en dire, sinon qu'il est clair que l' "humanisation des prisons" ne doit pas aller jusqu'à les transformer parfois en résidence confortable: si la prison n'est plus pénible, en quoi serait-elle une peine?... On sait que la prison est aussi une protection des accusés et des coupables contre les représailles de leurs victimes, ce qui est nécessaire au moins pour la sérénité des procédures judiciaires. Mais elles n'apportaient plus de satisfactions aux victimes passées ou potentielles, que resterait-il de leur légitimité?
     Enfin, il semble nécessaire de relativiser du point de vue géopolitique: en France aujourd'hui, la peine de mort est abolie, je ne vois pas beaucoup d'intérêt à la discuter: c'est la qualité, le nombre et l'efficacité des prisons qui constituent plutôt le problème du droit pénal français. La peine de mort est un problème pour des pays comme le Texas ou d'autres, où elle est assez "généreusement" pratiquée...
   Quant à l'euthanasie, c'est d'abord sous la forme de l'acharnement thérapeutique qu'elle se présente statistiquement; il faudrait des statistiques fiables (mais qui souhaite les faire sérieusement?...), mais il ne semble pas que les aspirants soient légions...En tout état de cause, le cas du suicide me semble bien différent : autant qu'on sache, la majorité des suicidaires ne demandent jamais l'aide ou l'autorisation de qui que ce soit pour passer à l'acte. Ce qui suffit à indiquer que l'euthanasie est plutôt un geste social, alors que le suicide est plutôt individuel, et pour cela moins compréhensible par autrui (mais j'admets que la différence n'est pas toujours nette: - les suicides collectifs, comme celui de la secte de Waco?... - les suicides rituels, des japonais ou autres ?...).
    Bref: le droit de donner la mort ne peut pas être reconnu sans de nombreuses conditions très rigoureuses, et dans des cas très exceptionnels; mais on voit mal comment il pourrait être absolument interdit sans rêver naïvement d'un monde sans vie réelle. Le respect de la vie peut impliquer dans certains cas (rares) le droit de donner la mort...
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Y a-t-il une objectivité des événements?

Publié le 15 Juillet 2012 par Bernard Petit dans Vivre et philosopher

 

 

 

 

Y a-t-il une objectivité des événements ?

 

 

   On a souvent à déplorer que des témoins ou des journalistes manquent d’objectivité par rapport à l’événement qu’il racontent parce que l’on observe trop de différences dans les récits et les descriptions : trop d’interprétations multiples les rendraient toutes arbitraires.

   Mais certains se félicitent de cette diversité, signe de liberté et preuve de la relativité de la vérité. Rien n’est vrai, peut-être, mais au moins chacun est libre d’en penser ce qu’il veut. Vouloir imposer au non de la science une version objective des faits, ce serait vouloir formater les esprits et imposer un uniforme dogmatique à la pensée. Plutôt sacrifier la connaissance que la liberté!... 

   

 

   Mais est-ce si simple ? On voit assez mal pourquoi aucune objectivité n'est souhaitable et  où serait son danger pour la liberté de penser. Par contre, on entrevoit mieux les risques d’un scepticisme et d’un relativisme à l’égard des sciences : soit personne ne s’entendra plus sur quoi que ce soit, puisque toutes les interprétations seraient équivalentes ; soit chacun adhérera aux discours les plus séduisants et les plus faciles, car nous n’aimons pas toujours faire beaucoup d’efforts de raisonnement critique.

   La difficulté est plutôt de savoir à quelles conditions cette objectivité est possible. L'esprit scientifique pense qu'elle l'est; mais ses objets ne sont pas des événements au sens propre, plutôt des phénomènes caractérisés par des invariants observables et mesurables par tous, et donc ce sont en principe des faits reproductibles (l'eau qui bout à 100° Celsius,etc. ). Mais un événement semble plutôt en effet constitué par un sujet, individuel ou collectif, par une combinaison de données objectives et d'interprétations subjectives où entrent en jeu des habitudes, des préjugés, des intérêts, des passions... Il est alors douteux qu'il existe une objectivité de l'événement en lui-même, car s'il n'est pas reproductible (comme un phénomène mesurable) il n 'y a aucun moyen de vérifier par expérience que tel témoignage est plus "objectif" que tel autre.

     C'est une position relativiste: il n'y a pas de faits "tels quels", il n'y a que des interprétations de relations avec des parties de notre monde. Est-ce une position sceptique et anti scientifique? Certes non! ... La science est faite de procédures, de méthodes, d'usages instrumentaux et d'opérations de validation qui sont par définitions disponibles au travail de ce qu'on peut appeler la communauté scientifique internationale. Une vérité scientifique est objective si elle résiste à l'ensemble des tests disponibles aux membres autorisés par cette communauté scientifique. Les critères d'objectivité sont donc à la fois logiques, techniques et conventionnels, mais ils ne sont pas arbitraires ou "idéologiques": il est objectivement indiscutable que 2+2=4 et que la Terre tourne autour du Soleil en 365 jours1/4.  Mais cette objectivité est humaine, constituée par l'histoire de la connaissance humaine et les facultés du sujet humain de la connaissance; en tant que telle, elle doit demeurer ouverte à la discussion rationnelle et aux tests expérimentaux. La science existe, mais elle ne peut cesser d'être un processus critique indéfini.

   Quant aux conflits d'interprétations, et notamment avec celles qui s'opposent aux critères d'objectivité pour définir un événement, cela peut se comprendre par la confusion entre "le fait immédiat" et ses traces biopsychiques et matérielles (les documents de toutes sortes). Il est possible de trouver des caractères objectifs dans les documents dans la mesure où l'on peut les examiner à loisir avant que le temps ne les détruise : mais comment faire pareil pour les souvenirs primitivement imprimés dans les sens et la mémoire individuelle? Pour qu'une représentation puisse être examinée, il faut un premier signe qui l'extériorise: dès que j'exprime mon impression première, je la transforme en signification "secondaire", de sorte que l'impression première reste invérifiable.

    En ce sens, nous sommes condamnés au conflit des interprétations; mais nous pouvons toujours les discuter et trouver des compromis utiles, grâce au langage et autres moyens de communication. L'homme est une espèce tragique mais extrêmement ingénieuse!

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